Jean Vendome ou l’invention du bijou moderne
Jean Vendome est né à Lyon en 1930 mais c’est à Paris auprès de son oncle, le joaillier Der, que le jeune homme commença à réaliser ses premiers bijoux. En 1948, émancipé et récompensé du premier prix de dessin de la ville de Paris, il ouvre son propre atelier. Deux ans plus tard, sous l’impulsion de Jean Cocteau nait sa première collection Pépites, suivront très vite les lignes Survol, Nocturne et Boréale.
Fruit des réflexions qui parcoururent le champ des arts décoratifs français entre la fin du XIXe et la première moitié du XXe siècle, l’œuvre de Jean Vendome se caractérise non seulement par son extrême inventivité mais surtout par sa volonté d’émanciper la joaillerie d’un domaine parfois trop mercantile pour l’élever au rang de discipline esthétique. Un champ artistique dans lequel l’observateur contemporain retrouve tant les expressions d’un baroque revisité par les ensembliers français de la fin du XXe siècle – tels le duo Garouste et Boneti que le créateur Eric Schmidt – qu’un brutalisme propre aux bâtiments dessinés par l’architecte Jacques Kalisz en France ou encore un néo-naturalisme incarné par le duo Claude et François-Xavier Lalanne. A ce titre, les nombreuses collaborations de Jean Vendome avec des créateurs tels que Jean Degottex, Maria Elena Vieira da Silva, Victor Vasarely que ses expositions à la Galerie Delisle et à la Galerie Isy Brachot que ses participations au Salon des Artistes Décorateurs sont pleinement symptomatiques de la volonté de l’artiste de faire accéder le joaillier au rang de créateur.
Toutefois, c’est dans sa profonde maîtrise du travail des métaux et plus particulièrement de l’or jaune, dans la grande précision de son dessin et plus encore dans sa connaissance érudite des minéraux que l’on descelle toute l’originalité de l’artiste. Dès ses premières créations, les bijoux sont martelés, froissés montés avec des minéraux bruts afin de réaliser des monuments que l’on peut alors posséder, s’accaparer et même porter.