LÊ PHÔ’

Il y a dans l'œuvre de LÊ PHÔ’ les signes d'une double culture. On y retrouve les traces d'une éducation artistique occidentale, l'influence de grands maîtres de la couleur, l'admiration non dissimulée pour les travaux de Paul Gauguin ou Maurice Denis. On y décèle aussi le poids d'un riche héritage culturel, le savoir-faire multiséculaire et la maîtrise des arts traditionnels vietnamiens comme la peinture sur soie. Brillant élève de l’École des Beaux-Arts d’Indochine, Lé Pho devenu l'assistant de Victor Tardieu participe à l'Exposition coloniale de 1931 à Paris. Distingué pour son travail, le jeune artiste s'érige rapidement dans les années 30 comme l'un des grands pionniers de l'art moderne vietnamien, enseignant lui-même dans l'école qui l'a formé avant de s'installer définitivement en France.
Ce panneau de laque, issu de la collection de Louis Charles Blanchet et totalement inédit sur le marché de l'art européen, est autant un témoignage rare du travail de cette institution, où les techniques occidentales étaient mariées aux traditions vietnamiennes, que celui de cette période charnière durant laquelle l'artiste fait le pont entre deux continents. Artiste phare de cette école, Lé Pho signe avec son Jeune garçon à l’oiseau d’or une représentation sensible et enchanteresse d'une végétation luxuriante dans laquelle un enfant tient dans la main en toute sérénité un oiseau rehaussé d’or. Si le sujet évoque encore l’Asie, les tonalités utilisées, le camaïeu de gris, la simplification des formes et la modernité qui s’en dégage, cette œuvre s’apparente désormais à un travail occidental et évoque les laques Art déco de Jean Dunand que Lé Pho a pu découvrir lors de son passage à Paris. Estimée entre 120 et 150 000 €, cette pièce magistrale d'une rare intensité chromatique pourrait créer la surprise lors de sa présentation au public le 16 mars prochain.


LÊ PHÔ’ (1907-2001)
« Jeune garçon à l’oiseau d’or »
Panneau de laque signé en haut à gauche et daté 1936
H 69 x L 55 cm
Estimation : 120 000/150 000 €

Provenance :
Ancienne collection Louis Charles Blanchet
Par descendance à l’actuel propriétaire


La laque de Lé Pho que nous présentons, totalement inédite sur le marché de l’art, provient de la collection de Louis Charles Blanchet. Louis Charles Blanchet Né en 1897 dans une famille d’instituteurs, Louis Charles Blanchet décide très tôt de quitter sa famille et de partir à l‘aventure en Indochine. Engagé dans l’armée durant la première guerre mondiale, il rencontre sa femme Antonia Delorme à Hanoï en 1919; elle est la fille de Eugène Delorme, un homme d’affaire prospère installé de longue date à Hanoï et marié à une Vietnamienne du nom de Thi Kîen Lê.
Grâce aux relations de son beau-père, il rentre à la Banque de l'Indochine, comme employé et parvint à gravir rapidement les échelons pour devenir en 1926 le fondé de pouvoir de la succursale de la Banque de l’Indochine à Nam Dinh.





Comptoir de la Banque de l’Indochine En 1934, il dirige la succursale de Quynhon et en 1936, on le retrouve à la tête de la succursale de Hué, la capitale de l’Annam; c’est cette année-là qu’il achète la laque que nous présentons. En 1936, Lé pho est toujours en Indochine, Il enseigne à l’école des Beaux-Arts de Hanoï tout en réalisant des commandes officielles pour l’empereur Bao Daï dans son palais de Hué; Il est tout à fait vraisemblable que Louis Blanchet ait acheté directement cette laque à l’artiste. Louis Blanchet poursuit sa carrière à Phnom Penh et quitte définitivement le Vietnam à la fin des années 50. Il s’installe avec sa famille à Paris et ramène avec lui tout son mobilier ainsi que la laque de Lé Pho « jeune garçon à l’oiseau d’or ». Quelques années plus tard, Il se retire à Nice sur les hauteurs de Cimiez pour prendre sa retraite et dans son appartement on retrouve sa collection d’objets d’art et de mobilier Indochinois ainsi que la laque de Lé Pho toujours associé à ce miroir en bronze de la fin du XIX ème que nous présentons dans la même vente (cf photo de l’intérieur de la maison de Louis Blanchet à Quynhon ).

Exposition du 6 au 15 mars, de 10 à 18h

En partenariat avec Artexpertise.fr